vendredi 3 octobre 2014

APHASIE


Un médecin reçoit un patient, il lui pose les questions habituelles concernent la santé, les habitudes, pourquoi il vient le voir.
Le patient ne répond pas. On ne voit pas le patient.
Il est est rocher.
Le médecin ne change pas de ton ni d’attitude, il enchaine les questions, lui propose de l’ausculter.
Quand il l’ausculte il ne remarque rien qui n'aille pas, il écoute son cœur, prend sa tension, regarde avec une lampe dans les différentes cavités. Lui demande de tousser.
Le rocher ne bouge pas. Le médecin lui prescrit des examens complémentaires, des prises de sang pour vérifier en profondeur.
Quand la consultation est terminée le rocher est devant la porte du médecin, et il commence à rouler. D'abord doucement et puis de plus en plus vite. Il fonce dans une pente, puis grimpe une colline, enfin il ralentit et s’arrête prés d'un cours d'eau. On le voit se pencher dans l'eau pour se regarder. Il n'a pas de reflet et en se penchant on l'entend penser à voix haute. «qu'elle est belle cette rivière, j'ai envie de me baigner ». Alors il entre dans l'eau et commence à se noyer, on entend des halètements, des bruits d’éclaboussure. Puis trou noir, plongé en profondeur, images psychédéliques.
Retour à des souvenirs ancestraux, images de roches, lave en fusion, puis ouragans, tsunamis, catastrophes... puis océan calme, arbres verts... et sable, bord de mer ou de rivière.

Puis sur cette scène calme vient un son, puis un texte, comme un mantra, chanté-parlé.

Roger

On c'est nous

Bord de l'eau, une rivière coule paisiblement, deci delà des remous et quelques turbulences.
Un cygne bientôt accompagné de sa compagne remontent le courant.
 L'air et frais et agréable, soir d'été sur une campagne saturée de l' humide.
La roche grise, les plaques d'ardoises. Un château qui se dresse sur la rive.
Un petit pont de pierre, des berges aménagées pour le plaisir des promenades au bord de l'eau.
Les gravillons bien blancs, une robe de princesse, blanche elle aussi légère presque transparente, parsemée de petit points rose vif.
 La main tendue de papé qui me demande de lui faire une révérence.
Je m’exécute avec délice. Me voilà dans le conte de fées dont j'ai tant rêvé.
J'apprend comment glisser mon bras dans celui du prince charmant.
 Il me guide, est prévenant.
Me fait connaître le plaisir d'être considérée avec amour, avec chaleur.
 Je t'aime.
L'air est vert. Bientôt nous cherchons avec Antoine quels serpents ou autre araignée il est possible de trouver ici.

Sylvaine Sylvestre