mardi 24 novembre 2009

Le lys

Je lui trouve un air snob et prétentieux, un parfum entêtant presque écoeurant.
Il est là grand, plein de majesté , la tête haute, avec tous ses boutons encore fermés qui pointent tels des glaives de guerriers.
Quand les fleurs s'ouvrent les étamines pleines de polen viennent salir les nappes blanches et les poignets de chemises. Ce que c'est agaçant!
La fleur des rois, je comprend pourquoi.
Non toi je ne t'aime pas, le lys!
Et pourtant puisqu'on t'a offert à moi je suis bien obligée de te regarder t'épanouir et là je remarque quelque chose, je ne t'aime pas car je te jalouse.

Cette assurance avec laquelle tu t'ouvre à ce qui t'entoure, cette droiture infaillible me met face à mes faiblesses, mon terrible manque d'estime de moi.

Merci le lys.

Lison

mardi 27 octobre 2009

A qui tu veux

Egalité, inégalité, jalousie.
Innocence, maturité, ennui.
Donner, reprendre, partager.
Ennui, passion, vocation.

Complexes, assumés.

Indigeste et sale, sans un geste ça s'étale
mou et lourd, un goût de velours
pourtant pour moi souverain tu restes.

Jean-Gilles

mardi 20 octobre 2009

Le petit spleen

Quand on a la tête dans les nuages
D'où on arrive pas à redescendre
Quand on se dit qu'on est en bad
Mais qu'il n'y a rien pour nous détendre
Quand on rigole pour faire plaisir
Et qu'on se dit qu'on perd notre temps
On ferrai mieux de s'recoucher
Et penser à notre levé demain midi
Où le soleil sera revenu
Et le moral avec , j'espère, aussi.

Maxence

dimanche 11 octobre 2009

Le cadeau raté

On doit sourire, faire remonter légèrement le haut des joues en même temps , détendre et lisser le front, diriger la pointe extérieur des sourcils vers le bas, ne pas serrer la mâchoire, ne pas crisper les lèvres, mais plutôt les avancer légèrement en avant comme pour esquisser une légère moue. Ouvrir un peu plus grand les yeux.

Ensuite il faut faire attention à la voix qui va sortir de notre bouche.
Il faut se focaliser sur notre souffle, respirer de manière à se calmer, masquer son malaise.
Alors on adopte une respiration plus profonde avec une inspiration longue et une expiration qui détend, qui calme notre coeur qui cogne de déception dans notre poitrine.
On marque une pause d'une ou deux secondes avant la nouvelle inspiration et c'est à la fin de celle ci qu'on prononce la phrase suivante (qui possède une large quantité de variantes):
" Oh merci c'est adorable, tu n'aurais pas dû, non vraiment, c'est trop... Merci beaucoup, wahou, j'adore."

Enfin comme la concentration est généralement à son apogée à ce moment là, on enserre vigoureusement l'auteur du présent, en lui faisant une bise retentissante sur chaque joue, avec un très large sourire.

Et là, très vite, on passe au cadeau suivant. Ou au repas. Ou à un coup de fil très pressé.

Justine

jeudi 8 octobre 2009

la photo de classe

Il est huit heures du matin. La cloche a sonné. Nous sommes en rang, bien ordonnés.
Je regarde autour de moi et observe que mes copines de classe sont toutes en robes et les cheveux bien tressés, les garçons comme à leur habitude sont en survêtement de nylon, matière toile de parachute. Quelques uns sont en pantalons et chemises, bien coiffés.
Je porte mon jogging rose et violet, celui qui a des pièces aux genoux. Mon préféré.
C'est étrange, une atmosphère sérieuse pèse sur les rangs.
Finalement notre maîtresse d'école vient et nous mène jusqu'à notre classe au premier étage du petit bâtiment vert canard.

Chacun s'assied à sa place.
Le calme est encore présent , ce que je remarque puisque d'habitude c'est le brouhaha et il ne passe pas une matinée sans qu'on se fasse gronder. Toutefois, une drôle d'ambiance onde sur nous. Je sens bien que les filles sont excitées, comme en attente de quelque chose... de quoi? Voyons voir, ce n'est pas encore la remise des carnets de note. Pas non plus le jour de l'élection des délégués de classe.
Bon sang! la photo de classe. J'ai pourtant fait signer le billet d'information sur mon carnet de correspondance à maman la semaine dernière.

Pour lundi 20 octobre.
Chers parents, comme chaque année la photo de classe de vos enfants sera prise ce jour.
Nous vous demandons pour l'occasion d'habiller et de coiffer vos enfants de manière classique. Les photos seront disponibles au début du mois de novembre au prix de 25 francs.
Merci de commander dès à présent les tirages que vous souhaitez et d'y joindre le règlement par chèque ou espèces.
La directrice.

Lundi 20 octobre c'est aujourd'hui, et je porte mon jogging rose et je ne suis pas bien coiffée, et j'ai mes vieilles baskets toutes salies.

"Les enfants, ce matin après les exercices de mathématiques, nous nous mettrons en rang sagement et descendrons sous le préaut sans bruit, pour ne pas déranger les autres classes qui travaillent. C'est madame la directrice qui viendra nous chercher alors je compte sur vous pour rester bien sages jusqu'à tout à l'heure.Maintenant ouvrez vos cahiers bleus et vos livres à la pages 56."

Chloë

mardi 29 septembre 2009

le test de grossesse

7h du matin
L'envie de faire pipi me tire du lit. Je sors délicatement du lit moelleux pour ne pas réveiller l'Homme qui dort encore profondément.
Dans mon sac à main, depuis quelques jours déjà, un test de grossesse attend patiemment le moment venu pour me révéler mon avenir.
J'ouvre la boite, que j'ai déjà ouvert 10 fois, je me saisie du mode d'emploi et entamme sa lecture que j'ai déjà lu 10 fois aussi.

Tenir le batonnet quelques secondes sous le jet d'urine, poser le batonnet de manière horizontale, patienter 2 minutes, le résultat s'affichera en toutes lettres.

Ca ne parait pas bien compliqué pourtant j'ai le coeur qui commence à palpiter, dans quelques minutes , une nouvelle incroyable viendra, ou pas, transformer ma vie à tout jamais.

Installation sur la cuvette des toilettes. Positionnement de la languette blanche à proximité de sa cible. Viser. Mise à feu... go! Languette imbibée de pipi. Mettre le petit capuchon sur l'embout trempé. Laisser reposer à l'horizontal. Un petit sablier numérique est apparu dans le cadran de résultat.
Je compte, une minute... je compte ... presque deux minutes... des frissons me parcourent de haut en bas, du bas des fesses au haut de ma nuque, mon cuir chevelu frémit en continu lui...
Dans quelques secondes je saurais. Enceinte. Ca y est je sais. Est ce que je sais? est ce que c'est vrai, non c'est pas vrai, si c'est vrai? Je n'arrive pas à y croire. Je suis heureuse? Est ce que je suis heureuse? je suis incroyablement sous le choc, mais absolument heureuse, du plus profond de mon ventre la joie m'assaille. Je n'arrive pas à ôter de mes yeux cette baguette en plastique blanche et bleu à affichage numérique qui prétend en toute lettres me prédire mon avenir. Ce petit bout de plastique est en train de m'affirmer que je vais être maman. Tout mon cerveau est en ébullition, je ne sais toujours pas si je dois y croire tellement l'annonce de cette nouvelle m'a mise sous le choc.
Reprendre mes esprits, rassembler mon esprit, respirer doucement, me calmer, remarque, pourquoi me calmer, non, laisser la joie m'envahir, pénétrer les interstices de chacune de mes cellules, laisser les ondes de bonheur submerger ma tête et mon coeur, laisser les mêmes ondes pousser des larmes hors de mes yeux, des larmes de joie, et de deuil. Comprendre qu'entremêlées à ce bonheur, le spectre de l'Inconnu pointe son visage et présage la traversée d'horizons inconnus et sauvages. Je décide de me laisser faire et entame aujourd'hui le deuil de mon enfance. Je vais à mon tour enfanter, une case a été poussée , le bonheur et la peur sont unis pour me faire avancer vers ma nouvelle île.

Anaïne

samedi 26 septembre 2009

l'exta

Le dernier souvenir limpide de la soirée c’est la vision d’Aurélien me fourrant deux extas dans la bouche en me souhaitant bon voyage.
Une petite demi heure après je n’ai plus que des souvenirs sensoriels . Et comme la djette pousse à fond un remix improbable , je sens mes extrémités se mettre à picoter, ma langue se colle au palais, mes dents se serrent les unes aux autres,mes jambes se coupent et une bouffée incroyablement chaude et euphorique monte de mon cœur à mes joues, se propage dans les moindres recoins de mon anatomie. Mes yeux se révulsent de plaisir quand les basses du morceau résonnent dans ma cage thoracique, je vibre avec les enceintes.
J’aime les gens, je me frotte à eux, le contact de leur peau m’électrise, mes poils se hérissent , mon cuir chevelu est auto-massé par mes cheveux qui se dressent à mesure que la musique se fait de plus en plus rythmée. Même mon sexe n’en revient pas, il bande, il bande pas? Je sais plus. Les seuls mots dont je me souviennent encore sont “c’est en train de me péter à la gueule!” hurlés plus fort que la musique.
Paula en trans me caresse et se frotte comme une chatte, elle fourre sa langue rappeuse dans ma bouche, colle ses seins contre mon torse, son sexe contre ma jambe, le mien sous sa main. Son parfum épicé-sucré m’irrite les narines, je suffoque, j’ai besoin d’air mais je reste, je jouis de tout mon corps. Je l’aime, je lui dis, elle m’aime aussi. C’est flou.

Andréa

vendredi 25 septembre 2009

la méditation

Cinq heures du matin, une cloche résonne profondément dans la campagne paisible.
Je me réveille tranquillement avec mes trois autres compagnes de dortoir.
Nous passons une tenue confortable et des sabots sur nos chaussettes.
Dans le silence et le calme absolu nous nous dirigeons pas à pas vers la salle de méditation de l’autre coté du parc. La verdure frissone sous la rosée glacée, les fleurs de lotus sur le lac sont encore endormies. La clair-obscurité de l’aurore donne des allures de Monet à ce tableau bien réel.
En arrivant à la porte et sans précipitations, j ‘entre , joins les mains et m’incline respectueusement vers le bouddha. Il domine la pièce avec bienveillance. J’otte mes chaussures, choisie le zafu sur lequel je vais pouvoir m’instaler. Alignée face vers le mur j’attend assise que les derniers retraitants arrivent et s’asseillent en silence aux places encore disponibles.
La cloche est invitée, une fois, puis trois fois encore. La méditation peut commencer. J’inspire profondément et me focalise sur l’air frais qui entre par mes narines, j’expire calmement et observe l’air tiède qui ressort à présent. Peu à peu une onde de bien être m’envahit, des vagues tièdes succéssivent m’innondes à mesure que ma respiration se fait plus profonde. Mon dos et mes épaules sont bien droits et je commence à ressentir l’énergie des personnes qui m’entourent. Je perçois à présent comme un souffle chaud et envellopant. Nous ne formons plus qu’un. La serenité m’habite totalement, je n’ai plus aucune tension dans le corps. La cloche est invitée une fois, j’ouvre les yeux, la cloche est invitée une seconde fois, je décroise mes jambes et masse mes chevilles légerement engourdies, la cloche est invitée pour la troisième fois , nous nous levons et saluons repectueusement le bouddha.
Tous les matin depuis que la retraite a commencé, je m’émerveille. Trois quarts d’heure assise en tailleur, sans bouger, les yeux mi-clos et pourtant, l’ impression que cela n’a duré que quelques minutes. Délicieux.

Cassandre