7h du matin
L'envie de faire pipi me tire du lit. Je sors délicatement du lit moelleux pour ne pas réveiller l'Homme qui dort encore profondément.
Dans mon sac à main, depuis quelques jours déjà, un test de grossesse attend patiemment le moment venu pour me révéler mon avenir.
J'ouvre la boite, que j'ai déjà ouvert 10 fois, je me saisie du mode d'emploi et entamme sa lecture que j'ai déjà lu 10 fois aussi.
Tenir le batonnet quelques secondes sous le jet d'urine, poser le batonnet de manière horizontale, patienter 2 minutes, le résultat s'affichera en toutes lettres.
Ca ne parait pas bien compliqué pourtant j'ai le coeur qui commence à palpiter, dans quelques minutes , une nouvelle incroyable viendra, ou pas, transformer ma vie à tout jamais.
Installation sur la cuvette des toilettes. Positionnement de la languette blanche à proximité de sa cible. Viser. Mise à feu... go! Languette imbibée de pipi. Mettre le petit capuchon sur l'embout trempé. Laisser reposer à l'horizontal. Un petit sablier numérique est apparu dans le cadran de résultat.
Je compte, une minute... je compte ... presque deux minutes... des frissons me parcourent de haut en bas, du bas des fesses au haut de ma nuque, mon cuir chevelu frémit en continu lui...
Dans quelques secondes je saurais. Enceinte. Ca y est je sais. Est ce que je sais? est ce que c'est vrai, non c'est pas vrai, si c'est vrai? Je n'arrive pas à y croire. Je suis heureuse? Est ce que je suis heureuse? je suis incroyablement sous le choc, mais absolument heureuse, du plus profond de mon ventre la joie m'assaille. Je n'arrive pas à ôter de mes yeux cette baguette en plastique blanche et bleu à affichage numérique qui prétend en toute lettres me prédire mon avenir. Ce petit bout de plastique est en train de m'affirmer que je vais être maman. Tout mon cerveau est en ébullition, je ne sais toujours pas si je dois y croire tellement l'annonce de cette nouvelle m'a mise sous le choc.
Reprendre mes esprits, rassembler mon esprit, respirer doucement, me calmer, remarque, pourquoi me calmer, non, laisser la joie m'envahir, pénétrer les interstices de chacune de mes cellules, laisser les ondes de bonheur submerger ma tête et mon coeur, laisser les mêmes ondes pousser des larmes hors de mes yeux, des larmes de joie, et de deuil. Comprendre qu'entremêlées à ce bonheur, le spectre de l'Inconnu pointe son visage et présage la traversée d'horizons inconnus et sauvages. Je décide de me laisser faire et entame aujourd'hui le deuil de mon enfance. Je vais à mon tour enfanter, une case a été poussée , le bonheur et la peur sont unis pour me faire avancer vers ma nouvelle île.
Anaïne
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